[« Dois-je réellement le publier cet article que j’ai intitulé « une minorité » ? Depuis un certain temps déjà je pivote. Je pense à nouveau être à l’aube d’une nouvelle étape. C’est donc à cœur ouvert en étant aussi authentique que possible que je viens par ici t’en dire plus sur ce que j’entend par minorité. Mes articles, comme ma newsletter deviennes de plus en plus un moyen d’expression et un lieu d’échange, une de mes nombreuses facettes . Alors bonne lecture et n’hésites pas à me faire un retour.]
Il m’a fallu du temps pour le comprendre, le digérer, l’accepter… et pour tout juste commencer à avancer. Je ne m’adresse plus qu’à une minorité [LES NOMBREUX SILENCES à la réception de mes devis, me l’ont confirmé].
Le haut de gamme me fait de l’œil. Je l’ai férocement refusé dans un premier temps, car ce qui est inconnu fait peur (WHAT ? qui suis- je pour vouloir faire du haut de gamme) mais surtout cela va me demander plus d’effort, plus de travail, plus d’excellence… plus, plus,plus… « Bonjour les pensées limitantes ; hello : le syndrome de l’imposteur !!! Les meilleurs potes des entrepreneurs… (rire) ! mais la vrai question est : « Pourquoi pas ? »
Je commence à peine à apprivoiser cette orientation. Elle est encore à l’état sauvage mais je persévère. Il faut être patient avec le dressage. Cela tombe bien c’est l’une de mes qualités. Je m’accroche car diminuer la qualité de mon travail n’est pas envisageable… ni l’abandon d’ailleurs.
Plus, j’avance sur mon chemin, plus je deviens clivante, plus je me niche…certaines choses sont rédhibitoires, comme ne pas mettre d’épices dans mes douceurs… Je me cherche toujours, pas sûr que je finisse par réellement me trouver. En réalité, j’évolue !
L’artisanat à une grande place dans mon cœur, dans mes tripes… J’ai besoin de sentir de mes mains la matière, l’odeur des épices, que le goût dans la bouche corresponde à mes souvenirs, à mes attentes, mes émotions… De voir, car on mange avant tout avec les yeux. Je ne crains pas la concurrence car je sais que l’on ne travaillera jamais de la même façon, même en ayant la même recette. Mes sens ont une place importante.
Quelques part, mes douceurs sont presque unique car à chaque recette mes sensations, mes vibrations changent. C’est une forme de personnalisation, quelques choses de subtils, d’abstrait que même moi je ne sais expliquer pas mais c’est là.
Je ne suis pas uniquement pâtissière, je ne vends pas uniquement des gâteaux, Naaaannnn. Ce que je fais, c’est te faire vivre une expérience :
- quand tu vois ta commande,
- quand tu sens (avec ton nez), et même ressens
- quand tu goûtes, que tu cherches à reconnaître les différentes saveurs.
- quand tu fermes les yeux, et que la pincée de cannelle ou de muscade te ramène à ton souvenir d’enfance ou te rappelle tes vacances dans les îles.
Ce que je fais est peut-être inutile, superficielle, ne répond à aucun besoin primaire essentiel pour vivre pour certain. C’est OK… Ce que je fais t’offre aussi une part de plaisir, de voyage, d’évasion, te ramène à toi antillais (natif ou non) à tes racines, participe à ton ancrage. Ce que je fais soulève des émotions. Ce que je fais m’a permis, à certain moment d’affirmer mon identité dans un endroit inconnu ou à d’autres moment d’amplifier la convivialité lors des moments festifs.
Maintenant je sais, j’accepte, je comprends, je le dis… Ma vision fait que je ne suis plus accessible à tous, plus qu’une pâtisserie c’est une expérience que je te fais vivre. Je recherche beaucoup plus que la dégustation, je veux toucher tes émotions. La mémoire gustative et olfactive de tes souvenirs, ce que je fais ne sera pas compris de tous et c’est OK maintenant.
Mwen alé
Sophie